Alors que nous allons devoir recommencer à enseigner à distance et probablement devoir changer notre manière d’enseigner pendant de nombreux mois, voici quelques idées provenant de discussions avec ma très chère collègue Anne Laure, et mes étudiants
1- On ne peut pas enseigner à distance comme on enseigne en classe
Ma première intuition a été de faire une conférence durant les 2 heures de cours que j’avais normalement. Évidemment cela ne marche pas. D’abord pour des raisons techniques (la qualité du réseau, le matériel non disponible etc..) mais aussi parce que les élèves sont derrière un écran et ne peuvent pas prendre des notes, écouter, écrire sur le chat pour poser des questions, et rester toutes la journée à écouter des professeurs parler.
Il a donc très vite fallu repenser comment enseigner. Comment utiliser la vidéo conférence, les ressources en ligne, les vidéos etc… Et pas de règles universelles. Mes étudiants de BTS sont plus assidus que des premières STMG, on ne peut pas utiliser les même formats de cours. Avec les étudiants, j’ai utilisé la vidéo conférence en début d’heure, et en fin d’heures j’ai filmé mes PowerPoint, j’ai donné des vidéos à résumer, des exercices à rendre sur le drive. Bref, j’ai testé. Certaines expériences ont mieux marché que d’autres
2- On ne peut pas supposer que tous nos élèves savent s’organiser.
Clairement, cela a vite poser un problème. Les étudiants les plus lents passaient beaucoup trop de temps sur les cours, certains se perdaient dans les ressources, d’autres ne retrouvaient plus les documents, les adresses des réunions virtuelles. Je suis d’avis que cette expérience doit leur apprendre à mieux s’organiser mais néanmoins, il est selon moi nécessaire de les guider. Les plans de travail hebdomadaires ont été utiles mais aussi des réunions avec mon équipe pour demander à tout le monde d’utiliser des outils similaires, de respecter l’emploi du temps et de bien communiquer avec les étudiants.
3- On doit s’assurer que l’on ne perd pas le contact avec les élèves les plus fragiles
Il est encore plus difficile à distance de savoir ce que deviennent les étudiants. Il est aussi très facile de se connecter et de faire semblant d’être présents. Il est donc important pour les professeurs de vérifier que tous les élèves connectés sont bien actifs. Pour les inactifs et les absents, il faut là aussi vérifier au niveau de l’équipe si c’est un problème avec une matière ou un problème plus générale. Un suivi par téléphone doit ensuite être mise ne place.
4- On doit encore plus que d’habitude savoir quelles sont les connaissances essentielles que l’on veut faire acquérir à tous
Difficile pour les élèves de retrouver ce qu’il faut retenir. Nous ne sommes pas forcément là pour pointer les éléments importants au tableau. Certains travaillent plus vite que d’autres. Nous perdons un peu le contrôle de la classe. Il est donc important plus que jamais de bien connaître les objectifs de la leçon sous forme de 4 questions : Pourquoi cette leçon ? Quel est le lien avec le reste du cours ? De quoi est il composé ? A quoi sert ce cours ?
Il faut ensuite s’assurer que nous savons quelles sont les notions, les compétences que tous les élèves doivent retenir au minimum, tout en ayant prévu celles qui seront importantes pour ceux qui veulent aller plus loin.
5- On doit varier les supports de présentation
Sans contact physique, il est important d’avoir des supports de différentes natures. Des supports papiers complets qui reprennent les idées. Des vidéos qui illustrent ou rentrent dans les détails. Des plans de travail qui bornent le travail à faire, des exercices collaboratifs pour travailler en groupe. Des QCM pour vérifier ce qui est su ou qui n’est pas su. Ce ne sont que quelques exemples. Mais un seul outil ne suffit pas.
6- On doit savoir s’organiser
Comme les élèves, il est facile de se laisser déborder, répondre à des mails qui arrivent trop tard, donner beaucoup de travail ou avoir l’impression de ne pas en donner assez, se lasser des classes en ligne. J’ai trouvé que le respect de mon emploi du temps m’a aidé. De la même manière, des temps en face à face avec les élèves (vidéo ou téléphone) m’ont permis de retrouver le côté social et la proximité qui me manquait en virtuel. J’ai aussi du trouver un endroit où on ne me dérange pas ce qui n’est pas simple.
Je veux croire que cette période étrange est un moment unique pour changer notre manière d’enseigner. Faire des essais c’est faire de belles choses mais aussi se tromper. Se tromper c’est une occasion de s’améliorer. Et si en plus on peut le faire en partageant, c’est encore mieux.
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