Les 4 difficultes des bons élèves (episode 63)

28 Sep 2024

J’ai la chance de travailler très régulièrement avec des élèves brillants. Ces jeunes ont d’excellents résultats et travaillent avec beaucoup de sérieux.

On a souvent tendance à s’inquiéter pour les élèves qui ont des problèmes d’apprentissage ou de motivation. Les bons élèves fonctionnent et avancent, pour eux tout semble simple et donc il ne semble pas vraiment important de se soucier d’eux.

Pourtant, ce n’est pas toujours simple d’être un bon élève. Voici 4 difficultés qu’il me semble rencontrer et des idées pour adoucir ces difficultés.

La contrainte de la compétence

Par définition, un bon élève est doué dans de nombreux sujets, a de nombreuses passions et centres d’intérêt, et peut donc choisir toutes les possibilités d’orientation possibles. Les choix sont infinis. Or, trop de choix peut être stressant.

Quand j’étais ado, pour acheter un jean, j’allais dans un magasin de ma ville et ce magasin me proposait 4 ou 5 modèles. Je trouvais rarement le jean parfait, mais le jean qui m’allait le mieux faisait l’affaire et je pouvais toujours me dire que je n’y étais pour rien, c’était la faute du magasin. Aujourd’hui, si je vais en boutique ou, encore pire, sur internet, j’ai le choix entre un jean taille haute, taille basse, bootcut, slim, bleu, noir, gris, et j’en passe. Je passe des heures à chercher et à la fin, je me dis que j’aurais dû en prendre un autre. Ce n’est plus la faute du magasin, mais la mienne.

Et cette sensation désagréable, c’est celle que rencontrent les bons élèves. Ils sont doués dans toutes les matières, tous les choix sont possibles. Leurs amis, leurs profs les considèrent comme des privilégiés car ils ont tous ces choix. On leur dit de ne pas s’en faire car quoiqu’ils fassent, ce sera bien.

Ils ne se sentent donc pas vraiment légitimes de dire que tous ces choix leur font peur, que cette peur les stresse et parfois les empêche de réfléchir, les incite à repousser la discussion de l’orientation. En plus de ce stress et de cette peur, se greffe la culpabilité de ne pas savoir choisir, de se sentir mal alors qu’ils ont la chance d’avoir ces choix. Bref, ils ne se sentent pas légitimes de dire « en fait, c’est vraiment difficile. »

Comment faire ?

Eh bien, tout d’abord, avoir de la compassion envers soi-même. Ok, c’est bien d’avoir tous ces choix, mais oui, ce n’est pas une situation simple et c’est normal de ressentir toutes ces émotions.

  • Solution 1 : comme dans les années 90 où je choisissais le jean assez bien (good enough) en ayant peu de choix, restreins tes choix. Ce n’est pas facile, mais limite-toi à certaines villes ou pays, à certaines formations et accepte de passer à côté de certains choix. Choisir, c’est renoncer, et renoncer, c’est avancer.
  • Solution 2 : dis-toi que ce choix n’est pas irréversible, et que si tu te rends compte au bout d’un certain temps que tu aurais dû faire autre chose, tu le pourras. Recommencer, ce n’est pas forcément se tromper, c’est définir ce que l’on veut, et pense aussi qu’aujourd’hui il existe beaucoup de passerelles.

L’obligation de faire ce qu’il y a de mieux

Les bons élèves font ce qui existe de mieux ou ce que l’on dit être le mieux pour ne pas se fermer de portes et avoir ensuite ce qu’il y a de mieux, d’avoir le choix (tiens, le choix… on y revient).

Je discutais avec un garçon qui a fait un bac scientifique (alors qu’il adorait les langues et l’histoire-géo), une classe prépa prestigieuse (avec l’option maths). Il a réussi HEC car c’est ce qu’il y avait de mieux. Il s’est spécialisé dans la finance car c’était la voie préférée des meilleurs élèves et a signé son premier contrat de travail dans une entreprise américaine de consulting parce que c’est ce qu’il y avait de mieux, que son salaire lui permettait d’acheter ce qu’il y avait de mieux. Ce monsieur n’était pas heureux mais deux choses lui venaient en tête :

  • Jamais il ne s’était octroyé le droit de se demander ce qu’il aimait : comment pouvait-il refuser le mieux alors qu’il en avait les capacités ? Et au bout d’un moment, il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait, hormis le mieux. Mais le mieux pour qui ?
  • Dans sa tête, il fallait travailler dur pour pouvoir profiter après, plus tard, mais jusqu’à quand ?

Comment faire ?

Eh bien, là se trouve un joli jeu d’équilibriste. Trouver l’équilibre entre la satisfaction de ce que l’on a maintenant et les efforts et les sacrifices que l’on peut/doit faire pour profiter plus tard.

  • Solution 1 : prends du temps pour te demander pourquoi tu veux le meilleur et le plus difficile : ne pas décevoir tes parents, amis, famille ? Faire mieux qu’eux ? Ou est-ce pour toi parce que tu as envie d’évoluer, de progresser et que tu te fais plaisir ?
  • Solution 2 : qu’est-ce que tu perdras si tu prends une voie « plus facile », qu’est-ce que tu gagneras ? Quelle est ta conclusion ? Est-ce que la petite voix qui te parle c’est la peur ou le courage ?

La volonté de tout contrôler

Les bons élèves sont souvent peu sûrs d’eux et ils ont besoin de tout contrôler. De ce fait, ils n’accordent pas souvent leur confiance à moins d’avoir les preuves absolues que tout se passera comme ils l’ont décidé. Le travail de groupe peut très vite tourner au cauchemar car les autres ne font pas comme il faut (ou comme ils pensent qu’il faudrait faire). Les bons élèves finissent par faire le travail à la place des autres pour que ce soit « bien » fait. Cela se sait et on peut très vite profiter d’eux… mais à qui la faute ?

Comment faire ?

Eh bien, accepter de lâcher, de faire confiance et de se dire que ce n’est pas grave. Évidemment, tout dépend de l’enjeu, mais il faut bien commencer par quelque chose.

  • Solution 1 : accepte que lors d’un travail de groupe où la note ne va pas changer beaucoup de choses, tu laisses faire les autres, même s’ils ne vont pas assez vite, même s’ils ne font pas comme tu l’aurais voulu. Donne un avis constructif sur leur travail sans critiquer. Accepte qu’ils ont peut-être une autre façon de voir les choses.
  • Solution 2 : va discuter avec ton prof. Sans faire de délation, explique que tu as besoin de lâcher et de laisser faire les autres. Essaye de voir si la note peut être attribuée de manière individuelle et en groupe.

L’addiction à la reconnaissance externe

Les bons élèves ont besoin de bonnes notes et, d’ailleurs, ils ont rarement de mauvaises notes. Leurs amis sont envieux. Sauf que leurs amis ne mesurent pas le travail fourni parfois pour avoir ces résultats, et combien pour eux l’échec est douloureux car ils ne l’ont jamais vécu. Une note en dessous de 15 peut véritablement être dramatique et là aussi interdiction de se plaindre car pour beaucoup c’est déjà super. Ils agacent aussi en disant que le DS s’est mal passé parce qu’au fond d’eux ils doutent et pensent vraiment que cela s’est mal passé. Seule la reconnaissance de la note (qu’ils associent à leur personnalité) leur permet d’être rassurés.

Comment faire ?

Il faut déjà en prendre conscience, je veux dire vraiment conscience et ne pas dire « je sais » pour faire plaisir aux autres (tiens, tiens…) sans avoir mis une intention. La meilleure reconnaissance viendra de toi. Une note est un indicateur sur la qualité d’un travail, pas d’une personne. Et pourquoi penser que les autres sont mieux équipés que toi pour évaluer ton travail ?

Parce que les bons élèves sur le marché du travail ont parfois une posture délicate : ils se disent qu’en faisant ce qui est attendu ils auront une bonne « note » et voient souvent des personnes moins compétentes mais davantage capables de se mettre en avant prendre les meilleurs postes. De plus, les bons élèves font ce qu’on leur dit, il est donc facile de les surcharger de travail. Un manager est toujours content d’avoir un bon élève dans son équipe.

  • Solution 1 : apprendre à s’apprécier en voyant ce qu’on fait de bien. Prendre conscience que ce qui nous valorise vient pour l’instant uniquement de l’extérieur et que ce n’est pas durable. Que va-t-il se passer le jour où il n’y a plus de notes ? Sur le marché du travail ?
  • Solution 2 : essayer de faire un peu moins bien et voir ce qu’il se passe. Peut-être que cela suffit pour continuer à avancer sans forcément se mettre la pression pour plaire aux autres.

Alors il est vrai qu’aujourd’hui on est noté, évalué en permanence. Le syndrome du bon élève persiste. À nouveau, peut-être que l’on est en droit de se demander pourquoi faire ? et est-ce que le bien-être, le bonheur ne passent pas par une autre forme de reconnaissance.

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Photo de fran innocenti 

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